“It was a mistake." the cruel thing was the mistake was mine, for trusting you. (tae-hee, kinam, yael)

va le voir qu’il disait. va lui demander, va lui en parler.
bah. cette bonne idée.
comme ça, les gens peuvent voir un gamin, les joues rouges. de colère. de honte. de. d’un peu toutes les émotions négatives possibles sur cette terre. se balader. juste là où y’a les putes là. dans les genre de tunnels surterrains.
et ils s’posent des questions, oh bah pas trop d’un autre côté.
parce que :
- qu’est-ce qu’il fait là ?
- bah débile, il vient voir son mec.
- lequel. encore un qu’a entendu parler du ring.
bâtard.
- et puis ils s’donnent toujours rendez-vous dehors.

ouais. bah ouais et ? il lui arrive à tae-hee, de d’voir régler des trucs, urgents. genre. par exemple. totalement au pif. son mec qui s’tape son ex. ou l’inverse. au point où il en est, les gens ont bien essayé de lui raconter les détails, lui il s’en battait les poulets. non. mais genre. vraiment.
alors ouais. ouais. tae-hee s’balade sous l’arche des chimères. et ouais, il s’dit qu’avant ce soir, il pourra bien voir yael. qu’il va bien s’pointer à un moment ou à un autre. oui. forcément. c’est obligé.
forcé.
pas qu’ça lui déplairait de passer la nuit ici hein ? non juste un peu quand même.

yael devrait arriver bientôt j’pense. et euh. c’est des connards. et le regard de tae-hee lui dit clairement qu’elle est bien sympa mais qu’elle peut aller volontiers s’faire brouter par des moutons parce que si elle reste là une seconde de plus, elle s’prendra volontiers son poing dans sa figure.

et tae-hee, il finit par s’asseoir par terre. après quelques minutes, quelques heures, il sait plus. et par fermer les yeux. t’façon, qu’est-ce qu’il pourrait bien lui arriver.

bah. la prochaine fois. il ferait bien d’réflechir. parce que quand il ouvre les yeux tae-hee, il les baisse immédiatement. pourquoi lui. non mais vraiment.

putain univers. est-ce j’étais tant un connard dans ma précédente vie ?

l'erreur, l'horreur, pas d'plan de secours, pas de meilleure idée pour affirmer sa place, pour dire qu'il est là et pas ailleurs, pour dire que l'abandon c'est bon pour les fuyards. pour dire qu'il est, ce qu'il est. et kinam y se sentirait presque dans une comédie romantique, dans laquelle rien va dans le sens du héros, tout se retourne contre lui jusqu'à ce qu'il percute que sa dulcinée il l'avait sous le pif depuis le départ. prise de conscience soudaine. yael le joli coeur dont il martèle la carcasse de caresses interdites, impensables, infaisables. c'est lui l'autre partie du puzzle, la dernière pièce dont il ramasse les morceaux peu à peu, sans savoir, sans avoir capté. pour autant, il se voit pas de culpabiliser, il se voit pas chialer d'avoir eu l'audace de combler ses pulsions, ses actions qui encore prennent possession de tout ce qu'il est. pas assez de réflexion - ou trop justement. alors sa carcasse, il la traîne, il dévisage les putes qui grimpent leurs jupes, cassent leurs bas-résilles, se donnent un air de punks des années 80 là où d'autres jouent les enfants de choeur. ça le fait rire un peu, balance quelques sourires polis alors qu'il se dit qu'il s'en grillerait bien une de clope.
puis y'a l'autre,
y'a tae-hee, toujours à se croiser, toujours à se percuter, toujours à se retrouver. une évidence tellement infecte qu'elle pourrait lui filer une réaction allergique, une évidence qu'il nie pas, une évidence qu'il garderait bien. qu'il veut pas
partager
qu'il veut pas
donner.
il s'fout accroupit, kinam, sent ses lèvres s'étirer en un croissant de lune bien mérité. fierté de laisser derrière lui une déconstruction. ça se saura pas, cette bavure. ça se saura pas, sauf si ça se voit. ça se saura pas, surtout si ça doit continuer, surtout si ça va continuer. casser le fil, casser la chaîne, lui rappeler que perfection c'est qu'un dicton. et même quand il tire la gueule jusqu'au sol tae-hee, y'a comme un truc qui s'émane de lui,
sauvage,
docile. un peu des deux.
- salut chéri. roucoulement cynique dont il a les secrets, ses mains viennent se joindre entre elles, intense moment où il se perd dans ses pensées - il jette une oeillade derrière son épaule, cherchant le troisième larron, la roue du carrosse, le moment d'égarement. ton cher et tendre d'vrait pas tarder. parce que c'est pas pour lui qu'il viendrait se bouger.
(pas vrai, hein ?)

Le sang pulse à l’intérieur, dans ses veines. Il chantonne la mélodie de son erreur, de ses écarts. Mauvais pas. D’entre tous. Mauvais choix. Il aurait dû s’en douter. Yael, non, il ne sait pas faire les bons choix. Il ne sait pas lire entre les lignes, faire marcher pour une fois, une unique fois, les rouages de ce cerveau terré à l’intérieur de son crâne. Ce n’était pas le bon. Il n’y a jamais de bon quand on trompe son mec, mais c’est quand même mieux quand on choisit quelqu’un loin de son entourage. Par exemple, son ex, son premier amour. Mais c’est simplement à titre d’exemple, aucune obligation là-dessus. Lèvres gercées, serrées. Il a belle allure, autant qu’une loque. Aveux murmurés et la sentence se fait attendre. Elle viendra. Il en est certain.

La vie ne l’a jamais épargné. Il est un de ses jouets favoris
Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
Surtout quand elle a le pouvoir de le briser, plus que n’importe quel autre jour.

Son rang ne risque pas de le protéger. Perdu dans une des chambres, l’une des muses vient lui parler. Son petit-ami. A présent c’est le sang qui pulse. Sensation à la fois habituelle mais étouffante en ce moment. Il hoche la tête et interrompt son entrevu avec un novice. Tae-Hee est plus important. Ou bien veut-il juste se rendre au plus vite vers la guillotine. Il entend les médisances. Jalousie. C’est qu’il préfère dire.

La jalousie, c’est un mot que Tae-Hee lui a appris ici, sur l’île. Parce que Yael ne sait pas ce que c’était.

Jalousie. Ce qu’il ressent quand il voit son homme et son premier amour ensemble. Danger et Yael est l’animal qui veut protéger son bien. Le plus précieux. « Ce n’est, pas, ton, chéri. » murmure ferme. Pourtant, ce sont des souvenirs de baisers volés, de soif de possession et de corps en sueurs qui se dessinent devant lui quand ses yeux se pose sur Kinam.

Merde.

et putain quoi, qu’est-ce qu’il fait là kinam ? à croire qu’il aime apparaître devant tae-hee, comme ça, juste pour l’emmerder. et de l’voir, ça lui fait mal au bide. pas juste le désir du souvenir, non. mais les coups de la dernière fois aussi. parce que les souvenirs, y’a que ça d’important avec kinam. et que l’fait qu’il l’ait frappé, c’est un souvenir aussi. négatif. ils sont nombreux, les souvenirs négatifs.
si nombreux.
alors qu’avec yael, c’est si beau.
c’est pas tout rose, parce que yael est pas toujours tout rose.
mais au moins yael lui fait pas de mal.

ahah.
lui avait jamais fait de mal en tout cas. jusqu’à aujourd’hui.
il se souvient encore de la tête de son ami quand il est venu lui annoncer.
et il se souvient des bras réconfortants de jackjack autour de lui la nuit, alors qu’il pleurait.

dans quelle dimension il est. dans quelle dimension ils sont ? sérieux ? pour penser une seule seconde que cette situation, que ce moment de flottement est totalement normal.
et tae-hee il voudrait pouvoir soutenir son regard. il voudrait pouvoir lui foutre son poing dans la gueule, juste pour lui prouver ô combien, cette fois, il a vraiment merdé.
putain, kinam. putain.
je savais que t’allais tout gâcher. mais pas qu’il allait t’y aider.

chéri. et tae-hee, il sait pas s’il a envie de gerber ou s’il est juste nauséeux, mais ce mot. ce. surnom oui. c’est malsain kinam. de m’blesser comme ça, encore plus. de m’assomer de souvenirs. en m’volant mon présent.
et y’a cette voix. qui pendant quelques secondes, le rassure. non, il a raison yael. tae-hee, il lui appartient à lui, pas à kinam.
plus.
jamais.

mais vite. il s’casse le sentiment de calme, d’apaisement. parce qu’ils sont pareils.
non.
yael est peut-être même pire ici.
kinam c’était plus fréquent.
mais yael…
et puis, il savait qu’il allait faire des conneries kinam. il savait qu’il tenterait des trucs.
mais yael…

alors oui, yael, il répond. mais tae-hee, il garde les yeux par terre. cher et tendre qu’il a dit, kinam.
tendre.
et il a envie de vomir, tae-hee, quand il se dit que peut-être il le décrit comme ça parce qu’il le sait. qu’il l’est.
alors il ramène ses genoux vers lui, et il les encercle de ses bras. et il pose son menton dessus, toujours le regard vers le sol.
ce cher ami.

je suis pas sûr d’être encore le tien, yael. si ? de chéri. et il se tait pendant une seconde, même pas. je m’y attendais. de sa part, à lui. j’suis habitué. avec lui. mais… mais yael. tu… c’était bien au moins ?

et il sait pas, à ce moment là tae-hee, s’il dit ça pour leur prouver à quel point ils le dégoûtent. ou s’il est juste curieux. malsainement. curieux.

y'a un truc qui va pas. y'a un truc qui déconne dans les câbles, qui fait qu'à un moment ça grille et que ça peut plus fonctionner en deux temps trois mouvements. y'a un truc qui va pas. un truc qui va pas et ça se voit dans les yeux de tae-hee, genre de haine sourde, ce dégoût latente et grimpant sur lui, horrible serpent lui donnant froid, le mordant pour l'empoisonner en plein dans la cuisse. y'a un truc qui va pas, et yael arrange rien en s'ajoutant aux hostilités, y'a comme une genre de petite guerre à échelle personnelle qui se met en place. qui est à qui, qui est pourquoi. kinam ça le laisse dans sa position quelques secondes, soupirer, passer une main sur son front et trouver ça ridicule. trop de naïveté. il a juste foutu un coup de pied dans la fourmilière, brisant les bases d'un écosystème qui aurait pu marcher, produire encore et rendre envieux autrui. il a tout foutu en l'air pas ennui. par envie. pas parce qu'il considérait ça juste, il savait pas. il a agit. il a continué à être ce qu'il était kinam, trop sensible aux beautés justes et étranges, ces beautés qui tapent une flèche en plein coeur, qui peuvent pas laisser sur place - risible faiblesse dont il accuse encore tout, même ses maux les plus difficiles. puis d'un coup, rlan,
pleins feux sur kinam,
accusation.
il se sent comme au barreau, comme devant cette populace qui le jauge d'un regard haineux. il se sent sur le peloton d'exécution, percé à jour, percé par tous. il mord sa lèvre inférieure, se gratte le menton deux secondes avant de se redresser mollement. coupable de. coupable de rien. coupable de pas grand-chose. faut être deux pour jouer aux plus cons. faut être deux pour jouer aux plus inconscients. faut être deux pour se laisser aller, aux affres,
au plaisir,
désir.
- super. commentaire à peine soufflé, il croise ses bras sur son torse, toise l'un puis l'autre, sans réel jugement. peut-être un peu d'amusement. de ridicule. de burlesque. trop de sobriquets alambiqués pour une apparence qu'ils tiennent à sauver, pour un fond, une forme. pour tout ce que kinam a pu balayer en embrassant une nuque, un menton, une mâchoire, un torse, l'intérieur des cuisses. j'vous laisse en débattre, qui est à qui de quoi, ça m'parle plus trop là. haussement d'épaules, nonchalance d'un chat qui chercherait sa vengeance à travers quelques coups de griffes affutées. il recule d'un pas, émet une courbette, prend la direction inverse devant les tronches curieuses des traînées, lui c'est que de la poudre qu'il a dissimulée,
bonne à
éclater.

Tae-Hee et Kinam. Kinam et Tae-Hee. Tableau détestable, interdit. Vision proche de l’enfer, elle le fait se sentir si petit, si minable. Que peut-il faire devant le premier le grand amour ? Rien, absolument rien. C’est ce que la macabre voix lui souffle à l’oreille. C’est un bourdonnement tout aussi peu désirable, pourtant il perdure. Souverain sur le reste des sentiments.

Alors Yael relève le menton, rend droites ses épaules osseuses. Il tente de prendre de la hauteur. Il faut s’imposer devant l’autre. L’ennemi, l’amant d’une nuit. Alors même qu’il sent encore ses caresses fiévreuses. Mais la pensée est taboue, il faut l’expulser. Un impair à oublier. Ses sens se doivent de revenir vers le plus important, Tae-Hee, son Tae-Hee. Peut-être ? En-a-t-il encore le droit ? Il l’espère, supplie les astres pour que ce soit le cas.

Une vie sans lui, ne vaut pas la peine d’être vécu. Parce qu’il est le seul à y apporter du sens.

Mais les mots assassins arrivent, pas sûr d’être encore le sien. Non, non. C’est impossible, c’est pas une option entre eux. Comme milles poignards dont on l’écorche à vif, sans relâche pour que la plaie ne puisse jamais espérer cicatriser.

La question suit, tout aussi douloureuse. Il aimerait fabuler, dire que c’était la pire expérience de son vécu. Mais Yael, c’est un môme qui ne sait mentir. Vérité entre ses lèvres pincées, il y préfère un silence surement pas salvateur. Son regard vague entre les deux, s’arrête un peu plus sur Kinam. Il va te le voler, la voix lui répète encore.

Les orbes les scrutent avant de reculer. Yael ne peut que prendre ça pour de la fuite. L’autre ne peut pas foutre la merde entre eux puis se décider à partir, juste comme ça. La vie n’est pas aussi simple, le garçon le sait. Parce qu’il serait mort depuis des années si elle vous exauçait tous ses vœux. Non, la vie est un caprice. Joueuse et traitresse.

« C’est facile de fuir, hein. » crache-t-il à l’autre, il n’ose pas s’approcher, ni le toucher. Il est préfère rester dans la zone à zéro risques. « Me dis pas que tu le savais… » murmure. Kinam c’est l’ennemi, mais c’est un semblant d’ami et il ne veut pas le penser si mauvais. Ça ne change rien aux faits, mais ça apaise une douleur. Yael craque ses doigts, même les petites jointures dans un geste nerveux. Il ose encore moins se tourner vers son petit-ami.

super.
super.
super.

et tae-hee, il voudrait réagir. il voudrait être fort pour une fois. il voudrait pouvoir leur dire d’aller se faire foutre. mais il le fait pas. il sent juste sa respiration se bloquer dans ses poumons. il se sent juste figer sur place. parce que. super.
super.

et que kinam, il le blesse tae-hee, et il le sait. et il comprend pas tae-hee, ou peut-être qu’il comprend trop. que c’est son kiff kinam, de faire souffrir les gens. de le faire souffrir lui. il l’a toujours fait souffrir. peut-être que c’était ça qu’il aimait. pas lui. juste le fait qu’il souffre.
peut-être qu’il le trouvait beau, tae-hee, avec les larmes sur les joues, et sa respiration saccadée. peut-être qu’il kiffait ça kinam.
et tae-hee, il trouve ça dégoûtant, répugnant. mais il dit rien, et sincèrement, la pensée reste pas dans son esprit. parce que.
super.
tae-hee, il déteste son imagination. il déteste qu’elle soit si développée. il hait les images qui s’imposent dans son esprit. ils sont beaux. il déteste ça. qu’ils soient beaux. il détestent ça. parce que yael. yael devrait être beau, heureux, qu’avec lui.et. que dans cette image, il l’est. avec l’autre. avec ce cauchemar sorti tout droit de ses rêves, à tae-hee. un rêve qui s’transforme aussi facilement au cauchemar. ça peut être qu’un jeu de son imagination, non ? non ?

super.
et il part.

PARS !
oui loin, très loin. toi et ta nocivité. toi et tes erreurs. toi et toi. toi et tes yeux. toi et ton sourire. cassez-vous, barrez-vous. loin.

mais non.
non.
parce que yael parle. et que yael le rattrape.
et que yael lui demande de rester.
pas comme ça, pas de cette façon mais, il le fait, il fait ça. quoi ? quoi ?

il te manque déjà ? de. quoi ? c’est quoi ? pourquoi ? tu.

et tae-hee, il est ignoré. parce que yael lui a jamais répondu. parce que yael lui a jamais dit oui, tu es toujours mon chéri. oui tu es toujours mien.
et il a parlé à kinam à la place.
et tae-hee, ça lui donne cette impression de s’noyer sous des tonnes de ciments brûlant.

et tae-hee, il s’met à pleurer. silencieusement. il pose son front sur ses mains, regarde son bide, cache son visage au monde extérieur. et il tremble, légèrement. et il voit sombre, il voit plus rien.
il le voit plus, yael.
il le voit plus, kinam.
il les voit plus, ensemble.

et il s’dit que ce serait mieux de plus jamais rien voir que d’voir ça.