blizzard {hyunki

Il a toujours aimé l’eau. Encore plus quand elle est chaude, brûlante. Il sent sa peau frémir quand il s’y glisse au début, son cerveau l’alerter. C’est trop chaud, il faut sortir. Mais Cyriel n’a jamais écouté les voix dans sa tête. Alors, il ne bouge jamais. Il s’y enfonce plutôt, jusqu’au nez.

C’est difficile de respirer ainsi. Son corps souffre. Il n’aime pas spécialement se faire du mal. Pourtant, il se sent soulagé en faisant ainsi.

Sa peau pâle rougit, sa respiration est saccadée. Et vient le moment où son système finit par s’habituer et où ses membres se détendent. C’est le moment qu’il préfère. Ainsi, il est déjà entièrement à l’aise quand quelqu’un vient à sa rencontre. Et il sourit, amusé, quand ils le voient se mouvoir avec tranquillité alors qu’ils ont du mal à avancer vers lui sans qu’une grimace ne déforme les traits de leur faciès.

Cyriel aime ce contrôle.

Poséidon est dans son élément.

Les sources chaudes ont tout de suite été son lieu de prédilection. Suivi par la plage. Il y traine ses clients, ses proies ou ses partenaires. Chacun est classé dans une catégorie bien précise dans son esprit. Aucun débordement. Ils se doivent tous de bien garder leur place. Pourtant, il y’a bien une personne que Cyriel n’arrive pas à classer.

Lui.

Hyun Ki.

Un presque ami. Un ennemi peut-être. Probablement un client qui deviendra régulier.
Il ne le comprend pas. Les muses, ce n’est pas cela qui manque. Il y’en a même qui sont bien plus anciennes que lui. Il ne comprend pas et ça le rend fou. Façon de parler. Car la folie n’est rien pour lui. Il a hésité la première fois. La deuxième fois, il s’est dit qu’il n’avait se laisser aller ; ce n’était peut-être qu’une erreur. Il y’eu d’autres fois et à présent cela l’irrite. Il a l’impression d’être utilisé. Ce qui ne devrait pas le déranger normalement, surtout qu’il était toujours le gagnant dans ce genre de relation. Il fait toujours en sorte de s’en procurer le plus de plaisir possible.

Mais même dans cette chaleur brûlante, il ressent la froideur de Hyun Ki. Elle le serre. Elle l’écrase. Elle l’énerve.

Elle le met hors de lui.

Ça, oui.

Il bascule sa tête en arrière, dans un geste maitrisé qui faisait presque croire qu’il venait de manquer de peu de se l’exploser contre la pierre. Au lieu de cela, elle s’y pose tranquille tandis qu’il tourne la tête vers l’homme qui s’éloignait. « Tu fuis encore ? » Une question. Une affirmation.

Son torse se soulève doucement sous sa respiration qui reprend doucement un rythme normal. C’était bon. Comme les autres fois. Son corps en frissonne encore. « Lâche. »

Tu lui en veux. Pourtant, tu es plutôt du genre à t'en foutre de tout, et à ne faire attention qu'aux personnes que tu trouves intéressantes. A Eun-Hee, Riley, In Soo ou Sa Rang bien sur. Et bien qu'il n'en fasse pas parti, Cyriel, des personnes que tu trouves intéressantes, tu lui en veux. Parce qu'à son arrivée sur l'île, vous vous entendiez plutôt bien. Et tu voulais qu'il rejoigne les sages, vraiment. Mais t'aurais préféré que sa motivation première ne soit pas la free weed. Les sages qui essayent d'entrer chez les sages pour cette raison, ils se font recaler. Et t'as eu l'impression que quelque part, il vous prenait pas au sérieux. Eux. Mais toi aussi. Et tu devrais ne rien en avoir à faire normalement. Oui, tu devrais. Pourtant, tu n'y arrives pas non. Et puis tu redeviens un gamin quand il est aux alentours. Un gamin boudeur un peu. Du coup, c'est peut-être pour ça. Peut-être que t'en as marre de toujours devoir être responsable. D'être grand. Peut-être que t'as envie de rajeunir. Que ça rajeunira aussi ton âge et qu'ils t'emporteront pas pour te tuer. Peut-être. C'est beau d'espérer. Oui, c'est beau. Mais si seulement, tu l'avais cet espoir. Parce que tu es un sage. Et que ton prénom est Hyun-Ki. Et que tu n'as pas d'espoir. Que pour toi, la vie se termine à vingt-cinq ans à partir sur moment où tu poses u pied sur cette maudite île. Alors à quoi se prendre la tête à se disputer avec des gens que tu pourrais trouer futiles ou inutiles. Et pourtant, il y a Cyriel. Peut-être parce qu'il te faisait penser à un gosse de Jang. Peut-être que t'essayais de couvrir un vide. Leur vide à eux. A ces gamins que t'as pris sous ton aile alors que t'étais encore qu'un gamin, toi aussi.

Tremblant encore de plaisir et en sueur, et pas seulement à cause de la chaleur de la source, tu prends un grand bol d'air. T'as beau lui en vouloir, pour une raison que t'arrives pas encore complètement à comprendre ou que tu trouves ridicule peut importe la façon dont tu la regardes, tu ne peux pas dénier le fait qu'il est doué. Oh oui, il est doué. Mais comme toujours, tu vas partir. Parce que tu n'as rien à lui dire. Parce que tu ne veux pas l'entendre, pas lui parler. Tu poses son payement, une pile de joints, derrière lui, tu te sèches et te rhabilles en vitesse. T'as pas eu le temps de te calmer encore. Ni de réellement reprendre conscience du monde extérieur, tes sens complètement faussés par les vapeurs de la source. Habillé, tu commences à partir. Pas un merci. Pas une poignet de main, ni de petit bisous d'adieu, non. Juste un Hyun-Ki, boudant, qui s'en va. Comme un gamin qu'il n'est plus depuis longtemps, le vieux sage. Vieux renard. « Tu fuis encore ? » Tu t'arrêtes. Tu te bloques. Alors il l'a remarqué. Bien sur. Tu relèves la tête, et tu fais le sourd. Celui qui n'a pas entendu. Celui qui se dit que tu pourras contrer que tu ne savais pas à qui il parlait. Et ce même si vous êtes les deux seuls aux alentours pour le moment. « Lâche. » Cette fois, tu te retournes. Oui. Un lâche, toi ? Tu lâches un rire cynique. « Lâche ? Qui est-ce que tu traites de lâche, gamin ? » Tu le regardes maintenant. Lui et son dos dénudé, assis dans l'eau. Et à ce moment, t'as envie de laisser le vieux renard dans sa tanière. Et de redevenir Hyun-Ki. Celui que tu étais avant de prendre le blâme pour un crime commis par le centre de ton monde. Celui que tu étais lorsque tu te battais contre les injustices de ce monde et contre les enfoirés du type de Mr. Jang. Lorsque tu savais encore comment prendre et envoyer des phrases blessantes. Et tu sais qu'il sera le seul à pouvoir relâcher le côté violent du renard.

Le premier jour, ça l’a presque fait rire.

Cet air grognon sur le beau visage de Hyun Ki alors qu’ils le faisaient. Il avait trouvé cela amusant, comme s’il déversait sa rage en lui. Il n’a pas trop compris à ce moment-là. Il ne s’est pas trop posé de questions non plus. Parce que ce n’était pas son genre, Cyriel vit en décalage de la réalité. Parfois même, il se contente de créer sa propre réalité. Ca ne devait pas être si grave. Après tout, c’est compréhensible de se sentir bizarre quand on partage un plaisir charnel en compagnie d’une personne qu’on considère comme amie.

Cela n’arrive jamais à la muse des eaux. Parce qu’il n’a pas ce genre de liens dans sa tête et qu’il n’a aucun principe. L’amitié est une notion floue, comme la haine ou l’animosité.

Il y’a les gens avec qui il veut être.
Il y’a les gens avec qui il ne veut pas être.
Il y’a les gens pour qui il n’arrive pas à se décider.
Hyun Ki en fait partie. Et au fond, ça le fait chier un peu.

Ce fut moins amusant les fois d’après. L’eau, la sueur ou la vapeur rendait ses cheveux collants. Il les glissa en arrière, plaqués sur son crâne et pour une fois ils restèrent bien en place. Le visage entièrement dégagé. C’est bon avec Hyun Ki, il ne peut lui enlever cela. Mais ça le serait certainement mieux s’il daignait lui exprimer la moindre des attentions une fois sa besogne finie.

Pas que Cyriel ait besoin d’attention, hm.

Il est un prostitué après tout et il le fait par pur plaisir. Juste. Il ne sait pas. C’est comme s’il manque quelque chose et qu’il n’arrive pas à poser le doigt dessus. C’est ennuyant, irritant. Cette fois, il le dit. Et d’un coup, ça devient amusant encore. Hyun Ki qui relève la tête et s’arrête, il le perçoit presque se raidir. Peut-être une simple impression. Peut-être que non. « Lâche ? Qui est-ce que tu traites de lâche, gamin ? » Cyriel lève son sourcil, provocant et moqueur. Le renard daigne finalement lui répondre, lui donner de son temps. Dieu Merci.

« La gamin ne fuit pas en tout cas. » rétorque-t-il de sa voix grave, naturellement cassée. Ou ça doit être juste toute la fumée qu’il inspire depuis tant d'années qui l’a rendu ainsi. Il nage jusqu’à lui, ses gestes lents et vaporeux. Une fois près du jeune homme, il l’attrape par la cheville et la serre fort entre ses longs doigts. Cyriel relève les yeux et cherche son regard. « Lâche. » répète-t-il une nouvelle fois. Il le fera autant de fois qu’il le faudra. Jusqu’à ce que cela rentre bien dans la belle tête de Hyun Ki. Il l’en matraquera.

Il le lâche et appuie de ses pieds sur la paroi rocheuse pour se donner appui et glisser en arrière dans l’eau, rejoignant sa place initiale. Cyriel attrape un joint et cherche tranquillement un briquet dans la poche de son pantalon abandonné un peu plus loin. Ses doigts mouillés ont du mal à appuyer mais il y arrive après quelques tentatives. « Tu es aussi bon à fuir qu’à baiser. » Il lui sourit avant de bloquer le joint entre ses lèvres. La fumée grise rend Hyun Ki flou. Et lui donne l’impression d’être moins fou.

T'as essayé de faire ton beau, mais juste après avoir parlé, tu t'es dit que c'était bizarre. Que de faire le grand, comme ça, c'est pas ton genre. Toi, tu es le mec qui s'en fout de tout, qui s'ennuie, et qui marche, comme une âme sans peine sur l'île qui est tienne. Ou presque. C'est comme ça que tu le vois en tout cas. T'es là depuis plus longtemps que la plupart des gens sur cette île, tu la connais mieux que personne. Alors ouais, parfois, tu la considère comme ton île. De plus en plus d'ailleurs. Et faire ton chaud, en mode supériorité mal placée, c'est pas ton genre, du tout. Même lorsque cet idiot a révélé ton identité à Sa Rang, t'as pas mal réagit, et tu lui as juste un peu gentiment remonté les bretelles. Mais là, cette phrase, c'est tellement pas toi. C'est aussi pour ça que tu te remets pas en marche, et que t'attends sa réaction. Parce que tu te dis que quelque part, ça va t'apporter une réponse. Donc tu restes figé. Et t'attends. Et ça, ça te ressemble déjà plus. T'es pas exactement calmé, et ça te dérangerait presque. Tu la sens, cette colère qui te tend les muscles, qui t'empêche de respirer bien comme il faut. Et elle te dérange. Elle t'emmerde. Si seulement tu pouvais juste la chasser d'un souffle, ce serait franchement agréable. Et tellement plus simple. Mais t'y arrives pas.

Tu le regardes pas. Mais tu es à deux doigts de te retourner. Parce que tu le sens, qu'il se fout de toi. Et tu détestes cette impression. Déjà, t'as pas l'habitude, en général, les gens ont plutôt tendance à te respecter. Et ensuite, t'aimes particulièrement pas l'idée qu'un petit gamin qui se pense le centre du monde puisse même penser à se moquer de toi. « La gamin ne fuit pas en tout cas. » Et tu lâches un petit rire. Non, mais c'est une blague. D'où tu prends la fuite déjà ? D'où ? Non, tu prends pas la fuite. Tu t'en vas après avoir utilisé les services d'un prostitué que tu as payé. Ce n'est pas de la fuite, c'est un comportement totalement normal. Il t'attrape la cheville, et tu te retiens de balancer ton pied en arrière, espérant d'un qu'il te lâche, et  de deux que ton talon arrive quelque part sur son visage. Dans son nez si possible.  Même si après réflexion, ce serait dommage d’abîmer son visage, c'est une partie de son gagne-pain. « Lâche. » Et tu reprends tes esprits. De penser comme ça, c'est pas toi. A croire que quelqu'un t'a foutu un sérum de colère ou une merde dans ce genre. « Tu es aussi bon à fuir qu’à baiser. »

Cette fois tu te retournes. Parce que ça suffit. Ce mec se prend pour un petit roi, et pense qu'il a un quelconque effet sur toi. Ou que ses paroles ont de l'importance. Mais non. Absolument pas. Alors tu le regardes, les yeux lançant presque des éclairs. Et tu réfléchis. Parce que pour une fois, tu te sens de réfléchir avant de parler. Le plus logique serait de lui dire de penser ce qu'il veut, que ça ne t'intéresse pas, et qu'il aille se taper quelqu'un d'autre. Et tu partirais. Tranquillement. Et tu aurais cette sensation d'avoir encore une fois été ce vieux sage, ce vieux renard que tout le monde connaît. Pourtant... « D'accord. Imaginons que je fuis. Qu'est-ce que je serais en train de fuir Cyriel ? J'ai pris du plaisir, t'as pris du plaisir aussi, merci du compliment d'ailleurs, et je t'ai payé pour ça. Alors où est le problème ? » Tu souris, et tu t'accroupis. « T'as envie de recommencer, c'est ça ? » Et tu comprends qu'avec Cyriel, c'est pas un vieux sage que t'es, c'est un petit con joueur et qui veut absolument gagner une bataille qui n'en est pas une.

Peut-être qu’il est un gamin comme il dit. Un stupide gamin qui se fait des idées, qui se pense plus intelligent. Non. Il n’y a pas la moindre once d’intelligence dans ce cerveau. Cyriel ne sait pas réfléchir. On l’a empêché d’essayer de penser depuis tout petit. On lui a matraqué le cerveau depuis qu’il sait marcher. Il est idiot. Il est fou. Et le fou ne peut avoir de pensées logiques. Il n’a pas à se poser de questions.

Alors pourquoi il essaye ? Pourquoi il se prend la tête avec ces conneries ?
Qui lui disait qu’il le fuyait ? Peut-être qu’il n’en avait juste rien à foutre de lui.

Il tente de sonder Hyun Ki et de comprendre la raison de ses agissements, alors qu’il n’en a que faire du monde. Les gens ne l’importent pas. Mais Hyun Ki, si. Il veut savoir. Il faut qu’il sache. Rien d’autre ne hante son esprit depuis ces derniers temps que cette fuit continuelle. Cette fois, le renard ne fuira pas. Il lui passera sur le corps s’il le veut, mais il saura ce qu’il en est. Il veut bien être un gamin s’il le faut.

Au fond, il n’a jamais eu le temps de grandir.

Il laisse la fumée toxique s’engouffrer dans ses poumons lentement. Il est déjà détraqué de toute façon. Un peu plus. Un peu moins. Ça ne change rien au final. Tout ce qu’il vit là, c’est du bonus, pour quelqu’un qui voulait tout balancer derrière lui à même pas dix-huit ans. Le joint bloqué entre ses lèvres pleines, il observe Hyun Ki qui s’est retourné enfin. Il le juge de son regard vide. Il voit l’énervement dans celui en face de lui. Quelque part au loin, bien dissimulé.

Qu’est-ce que tu vas faire maintenant, beau renard ?

« Je ne sais pas ce que tu fuis. Je ne suis pas dans ta tête. » murmure-t-il en expulsant la fumée d’entre ses lippes. C’est bizarre. Y’a le joint qui le fait se sentir bien et y’a Hyun Ki qui le fait se sentir…étrange, différent. C’est indéfinissable. Presque nouveau. « J’aimerais pas être dans ta tête, ça a l’air d’être le bordel. » ajoute-t-il même. Provocant. Inconscient. Toujours.

Hyun Ki s’accroupit et directement, pour lui, c’est comme une invitation silencieuse à se rapprocher de lui. Et c’est ce qu’il fait. « T'as envie de recommencer, c'est ça ? » Cyriel lève la tête vers lui et lui sourit, laissant sa fumée s’échouer sur le beau visage de Hyun Ki. Il dépose la joint à côté et profite d’avoir les mains libres pour soulever son corps légèrement hors de l’eau. Juste un peu. Juste de quoi rapprocher son visage de celui du brun, sentir son souffle contre son faciès. « Moi ? J’voudrais toujours recommencer. J’ai toujours envie de toi. » qu’il chuchote presque contre ses lèvres. Il le détaille. Il ne sait pas mentir, Cyriel. Hyun Ki est une des personnes avec lesquelles il prend le plus de plaisir. Et c’est rare qu’il ait des clients réguliers.

Il glisse doucement ses doigts sur la joue du jeune homme, lentement du bout de ses ongles. « Mais toi ? Tu as envie de quoi ? Qu’est-ce que tu recherches ? » Il baisse sa main. Yeux dans les yeux.

Sept ans que tu te raccrochais au fait que t'étais un des plus vieux. Quelques années que tu te raccrochais à cette image de vieux renard. Plusieurs années que tu pensais qu'ils te voyaient tous de la même manière les gamins. Comme un vieux renard, un mec absolument pas intéressant, à côté de qui on passe, mais qu'on finit par croire comme faisant partie intégrante de l'île. Ce mec qui fait peur au début, mais qu'on apprend à apprécier plus tard. Et là, tout d'un coup, lui. D'abord Sa Rang, qui commence à te sortir de ton petit train train habituel, puis lui. Cyriel. Tu te demandes ce qu'il veut, pourquoi il agit comme ça avec toi, alors que t'as l'impression d'agir de manière tout à fait normale. Et puis ses réflexions à la cons te font réflechir, alors que de base, tu devrais pas avoir à réfléchir. Enfin, les faits sont là, et c'est pas le seul truc qu'est étrange. Déjà, les putes, c'est pas ton habitude d'aller les voir. Nova est une exception. Et Cyriel. Et d'autres personnes, mais que t'as vu qu'une fois quoi. Mais eux, c'est différent. Et alors que t'as plus tendance à prendre Nova comme un journal intime vivant, Cyriel, c'est différent. C'était franchement plus simple quand tu te disais que c'était simplement du sexe. Mais maintenant, il essaye de te faire réfléchir l'enflure. Et tu détestes ça. Parce que depuis ton arrivé sur l'île, t'as jamais respecté la volonté de personne, sauf la tienne. Et que tu te sentes faire des choses à cause de quelqu'un d'autre, ça te rend dingue.

« Je ne sais pas ce que tu fuis. Je ne suis pas dans ta tête. » Et quelque part, t'aurais presque cette envie d'être violent, tu lui foutre un coup de poing et de partir. Parce que merde, dans ce cas, qu'il évite d'essayer de te faire penser à des trucs dont lui même n'a pas la réponse. C'est débile. Complètement ridicule. « J’aimerais pas être dans ta tête, ça a l’air d’être le bordel. » Et t'as envie de lui répondre que non, c'était très clair. Avant qu'il vienne y foutre ce truc, ces questions, qui elles, ont foutu le bordel. C'est de sa faute, pas de la tienne. Si c'est le bordel dans ta tête, t'y es pour rien. Ta tête allait très bien avant ce bout de conversation. Pourtant, tu continues à être joueur. Et tu continues à lui parler. Il s'approcher de toi, et te souffle de la fumée sur le visage. L'odeur te dérange pas, tu fumes de ça toute la journée. « Moi ? J’voudrais toujours recommencer. J’ai toujours envie de toi. » Et tu plisses très légèrement les yeux. Parce que ton corps se met en alerte. Et que oui, toi aussi t'as envie de lui. Mais tu tu le laisseras pas gagner aussi facilement. Tu te laisseras pas faire. Avant ça, il devra t'expliquer c'est quoi son problème. Et peut-être qu'avant, faudra que toi, t'arrives à t'expliquer à toi même c'est quoi ton problème. Mais il a chuchoté, et son souffle, t'as envie de lui couper. Pas en le tuant, non, t'es pas un meurtrier, et t'aimes pas l'idée qu'il meurt. Mais t'aimerais le faire taire, d'une façon ou d'une autre. Le fait que la première idée que t'aies soit de l'embrasser, t'y fais pas attention.

« Mais toi ? Tu as envie de quoi ? Qu’est-ce que tu recherches ? » Et tu souris. Tu frissonnes un peu. Traître de corps. Ses doigts sur ta joue, t'essayes d'y résister. Et t'y arrives, parce que doucement, tu les enlèves de ta joue, avec un grand sourire. Et tu t'approches encore un peu de son visage, tes lèvres à quelques millimètres des siennes. Et tes tendu, tous tes muscles sont en alerte, et tes poumons produisent à peine le minimum recquis d'oxygène pour pas que tu tombes dans les pommes. « Moi ? Je recherche à prendre du plaisir avec un mec qui se fait payer pour ça. Et de qui c'est le boulot de satisfaire les plaisirs charnels des hommes. Rien de moins. » Tu marques une pause, le temps de poser doucement tes lèvres sur les siennes. « Et surtout rien de plus. » Tu reposes rapidement tes lèvres sur les siennes, et tu te relèves. « Tu t'attendais à autre chose petit cœur ? » Et tu te reconnais plus. T'es quelqu'un d'autre. Des passants ordinaires penseraient que t'es le jumeau du sage Hyun-Ki, du vieux renard. Tu regardes Cyriel, et tu lui souris. Machiavéliquement. Parce qu'il a le pouvoir de te faire devenir quelqu'un d'autre. Quelqu'un que tu détestes être. Quelqu'un que tu aimes être aussi, lorsque t'es avec lui. Un enfoiré. Quelqu'un qui blesse parce qu'il pense qu'en blessant, il oubliera qu'il pourrait s'attacher à quelqu'un d'autre. Et que cette personne, un genre, indéniablement, il la perdra.

Si Hyun Ki fuit vraiment ou ce qu’il fuit, la jeune muse n’en savait absolument rien. Il se contente de glisser cette idée à l’oreille du renard, doucement, l’air de rien, il la fait jouer dans son esprit. Il le déroute. Le pire est que Cyriel ne s’en rend pas compte lui-même de ce qu’il fait. Pour lui, ce ne sont que fait qu’il énonce, des constats qu’il partage. Hyun Ki ne lui parle pas, il ne lui porte aucune attention une fois son plaisir prit. En soit, une réaction semblable à tant d’autres clients, surtout ceux qui ne s’assumaient pas, qui n’arrivaient pas à croire qu’ils aient pu prendre leur pied avec un homme. Parce qu’ils n’étaient pas comme ça avant.

Avant.

Cyriel ne sait même plus ce qu’est avant. Il n’y a rien avant cette île. Rien ni personne. Même sa folie, il n’a pas l’impression qu’elle l’ait suivi. Il n’y pense plus quand il n’y a plus dix personnes autour de lui à le traiter de psychosé à longueur de journée.
C’est qu’il se trouverait presque normal Cyriel.

Il observe chaque détail des traits fins et pourtant masculins de Hyun Ki. Il a cette sorte de grâce naturelle, une aura étrange que Cyriel adore toucher. On dira même qu’il le souille en échangeant ce genre de plaisir en sa compagnie. Mais qu’importe, il ne l’a jamais forcé à faire quoi que ce soit. Hyun Ki était venu à lui la première fois, ses pieds l’avaient guidé jusqu’à cette étendue d’eau où Poséidon flâne éternellement. Le corps nonchalant, le regard distrait, dans l’attente d’une nouvelle personne qui demanderait ses services.

Il parle et parle. Et Hyun Ki est en mode silencieux. Il n’y a que ses yeux plissés qui le rassure, le brun l’écoute. Il ne parle pas dans le vide.

Pas que cela le dérange franchement. Cyriel a l’habitude de parler au mur, à son oreiller. Aux multiples amis imaginaires qui l’ont accompagné durant toute son enfance. Mais peut-être, qu’au fond, il n’a pas envie de s’avouer qu’il se sentirait vexé que Hyun Ki ne l’écoute pas. Il ne sait pas ce que ça veut dire. Il ne veut pas savoir.

Ah, le sourire de Hyun Ki, il lui ferait bien voir des étoiles. Ça fait un moment qu’il ne lui en a pas offert un. Surement depuis le jour où il a préféré vendre son corps à continuer à avoir de longues discussions sous le ciel bleu. Dommage. Parce qu’il aime ce sourire. Ses doigts sont délogés de cette joue et le visage du brun se rapproche plus du sien. Leurs lèvres se touchent. Du plaisir. Leurs lèvres s’éloignent. Rien de moins. Elles se rejoignent à nouveau. Rien de plus.

Il frissonne et lève les yeux vers le jeune homme. Son estomac se serre, mais ce n’est pas désagréable. C’est bon. C’est électrisant. Ce regard qu’il pose sur sa personne.

« Tu t'attendais à autre chose petit cœur ? » Cyriel balance sa tête en arrière, il observe le ciel et ses lèvres s’étirent délicatement. Ce à quoi il s’attendait ? Il laisse filtre un rire presque muet. Il baisse sa tête et lève le bras pour attraper Hyun Ki par le poignet, de là, il lui suffit d’user de toutes ses forces et plonger dans l’eau pour forcer l’homme habillé à le rejoindre. L’eau l’éclabousse. Hyun Ki ne doit pas apprécier ce genre de situations. Lui, en tout cas, n’a jamais aimé avoir les vêtements trempés dans l’eau.

« Je ne m’attends à rien, petit cœur. » Il reprend ce même petit surnom affectif, ironique. Il le roule entre sa langue et il sort presque casser à cause de sa voix. « Je prends ce que je veux. » Il plaque ses lèvres contre les siennes, ses phalanges s’agrippant avec force aux bras forts du jeune homme. Il mêle leurs souffles, soupire contre sa bouche avant de glisser contre son cou. « Et je jette après, quand c’est usé. » Il embrasse la peau de son cou puis son épaule.

« Mais je ne fuis pas sans savoir ce qui me chasse. »

C'est pour ça. Tu refuses de perdre les gens. Et dans trois ans, tu les perdras tous. Et ça te fait peur, mal, rien que d'y penser. Alors tu préfères ne pas t'attacher. Les laisser partir. Les seuls, c'est les autres Jang. Parce qu'eux, de toute façon, tu ne peux pas les envoyer chier, assez clairement. Tu ne peux pas faire comme si tu n'étais pas attaché à eux. Alors que les autres, ceux que tu viens de rencontrer, c'est plus simple de faire comme si de rien n'était. Sauf que non, Hyun-Ki, c'est pas si simple que ça. Toi, tu penses que juste les ignorer, et les laisser t'ignorer, c'était facile, la meilleure des solutions. Alors ouais, qu'est-ce que tu fais quand ils refusent que tu les ignores ? Et puis là, avec Cyriel, c'est même pas exactement ça. Tu lui en veux, d'être parti pour se taper des habitants de l'île toute la journée plutôt que d'être resté avec toi. Oui, tu lui en veux. Et pourtant, maintenant que tu lui as sourit, que tu es là, accroupi face à lui, et que tes lèvres ont touchées les siennes, c'est différent. Tu lui en veux d'exister. De t'avoir rappeler. De t'avoir dit que tu fuyais quelque chose. Surtout qu'il ne sait pas quoi. Oui, tu fuis. Tu fuis pour éviter qu'il ait mal, plus tard. Pour t'éviter toutes ses douleurs lorsque tu partiras. Sans eux. Sans lui. Et t'as pas envie d'y penser. Alors t'y penses pas. Et tu poses juste tes lèvres sur les siennes. Et tu frissonnes. Parce que c'est pas comme quand tu couches avec lui, et que tu le payes pour qu'il t'embrasse. Déjà, tu prends l'initiative cette fois. C'est drôle. Les rôles sont comme inversés. Il est celui qui demande, tu es celui qui exécute. Et ça te ferait presque rire. Si tu n'aimais pas autant tes lèvres sur les siennes. Vraiment. T'es pas censé aimer ça comme ça.

Et tu te retrouves dans l'eau sans vraiment t'y attendre. Et t'es pas le genre de mec à péter des câbles parce que tes vêtements sont mouillés. Non vraiment, t'as même plutôt tendance à ne rien en avoir à faire. Alors tu continues de lui sourire. Bon, par contre, c'est brûlant. Et les vêtements n'aident pas. Ni la proximité du corps de Cyriel à vrai dire. « Je ne m’attends à rien, petit cœur. » Petit cœur, hein ? Tu lâche un tout petit ricanement. Pas sadique hein, juste un petit rire, le temps d'une expiration. « Je prends ce que je veux. » T'as envie de lui dire de se servir. Que surtout, il n'hésite pas. Vraiment. Que tu es, oui, tout à lui pour le moment. Mais tu refuses, parce que c'est pas censé être le cas, merde. T'es censé ne pas t'attacher. Pourquoi est-ce qu'il fait tout pour que tu t'attaches à lui ? C'est pas cool ! Il pourrait y mettre du sien un peu non ? Il t'embrasse de nouveau, et cette fois, il attrape aussi tes bras. Et tu voudrais lui répondre, à son baiser, mais il t'en laisse pas le temps. « Et je jette après, quand c’est usé. » Ton sourire s'efface doucement, mais il ne le voit pas. Non, il est bien trop occupé à t'embrasser le cou et l'épaule. Pourquoi ? Si tu ne le perds pas dans trois ans, alors c'est qui qui te jettera, c'est ça ? Cette idée est loin de te plaire, très loin.

Il dit autre chose aussi. Mais t'y fais pas attention. Non, parce que ses lèvres sont sur ton épaule, et qu'elles sont sur ton cou aussi. Et que ton cou, c'est ton endroit sensible. Et qu'il le sait, t'en es sûr. Alors tu souris de nouveau, t'oublies qu'il risque de te jeter, et tu préfères en jouer. « Je vois. Donc manifestement, pour le moment, je suis pas encore usé. Pas vrai ? » Heureusement, une petite voix te souffle. Tu prends son visage et tu le mets face au tien. Tu poses ta main sur sa joue et tu lui souris. Et ça fait du bien de lui sourire. « Compte pas sur moi pour payer cette fois-ci. » Tu t'arrêtes un moment, lui embrasse le cou ton tour. « Après tout, c'est toi qui prend ce que tu veux. » Tu ne fais que reprendre ses mots non ? Et tu le regarde de nouveau. Et tu lui mords doucement la lèvre inférieur. « Et qu'on se mette d'accord, il n'y a que moi qui puisse t'appeler petit cœur, d'accord ? » Et tu te demandes réellement, mais vraiment, vraiment, où est passer le vieux renard ennuyé qui passe ses journées à traverser l'île et à marcher dans les tunnels avec l'espoir que quelque chose se passe. Parce qu'il n'est pas là. Là, c'est un renard, plutôt jeune, et manifestement, pour lui, c'est le Printemps.

Cyriel n’a jamais été un battant. Il ne s’est jamais acharné pour avoir quoi que ce soit. Simplement parce qu’il prend ce qu’il veut sans réfléchir. Il ne demande pas de permission, il n’attend pas d’avoir de réponses. Quand il veut quelque chose, il faut qu’on la lui donne, il la volera sinon. Dans son esprit, ce n’est rien. Il n’y a rien de compliqué dans l’histoire. Il y’a pas pourtant des choses qu’il n’a jamais réussi à voir, tel que l’amour de ses parents. Une quête sans fin. Un tunnel sans lumière au bout. Il aurait pu continuer à y croire toute la vie, en vain. Au lieu de cela, il s’est juste lassé.
Il se lasse souvent. Des choses qu’il possède, parce qu’elles perdent petit à petit leurs valeurs entre ses doigts. Des choses qu’il ne possède pas, jugées inutiles puisque inaccessibles.

Le rire résonne à son oreille. Il lève un sourcil mais ne s’en préoccupe pas davantage. Il préfère grignoter son cou, profiter de cet endroit sensible de son corps qu’il avait su connaitre. Leur première fois, il avait été moins attentif aux réactions de Hyun Ki à ses caresses ou baisers. Parce qu’il y’avait la surprise de la voir quémander ses services. Parce qu’il ne pensait pas le revoir après. Seul le plaisir avait compté cette fois là. Les autres aussi, indéniablement, mais d’un façon différente. Sans le réaliser, il faisait plus d’effort. Il touchait Hyun Ki, glissait ses doigts contre son épiderme à l’affut que chaque frémissement qu’il lui offrirait en retour.

A présent, il sait. Il anticipe, agit et attend. Il sent Hyun Ki contre lui et il lui doucement.
. « Je vois. Donc manifestement, pour le moment, je suis pas encore usé. Pas vrai ? » Son visage pris entre les grandes mains du jeune sage, Cyriel lève la tête et le regarde. Il a toujours ce regard soutenu qui détaille sans la moindre gêne. Les gens n’ont qu’à baisser les yeux et marcher plus vite s’ils ne veulent pas se sentir observer. Ils n’ont pas à s’offusquer. C’est très simple. Il se gorge de la vision du jeune homme, son sourire et son haut mouillé qui lui colle à la peau. Il sculpte son corps et le rend encore plus désirable. Comme si c’était possible.

Cyriel lui sourit de cette façon étrange qui lui est bien connue. Son sourire n’est pas faux. Juste différent et étrange. Comme toujours. Le sourire d’un gars perché. Le sourire d’un idiot. Le sourire d’un ingénu. Tout dépend du point de vue. « Tu es loin, très loin, d’être usé. » murmure-t-il tout en basculant sa tête vers l’arrière, offrant plus d’espace aux lèvres de Hyun Ki sur sa gorge. « Hyun Ki… » soupire-t-il, le besoin de reprendre légèrement sa respiration avant de continuer ses paroles.

La vapeur n’aide pas vraiment à garder son souffle. « Tu me payes déjà. De ton corps. De ta présence. » Il n’a même pas besoin de déposer quelques joints à ses côtés pour qu’il lui tienne compagnie. Hyun Ki était une des rares personnes qui lui faisaient ressentir assez de plaisir pour qu’il n’ait même plus envie de se faire payer. Les joints est un plus. Mais il reste négligeable, dispensable face à l’idée de pouvoir avoir Hyun Ki quand bon lui semblerait.

Le seul à l’appeler petit cœur ? Cyriel passe sa langue sur sa lippe. Cet endroit même que les dents du brun ont gardé captif il y’a quelques secondes seulement. « Et qui seras-tu pour moi, pour avoir le privilège de m’appeler ainsi. » demande-t-il , curieux comme un enfant.

Hyun Ki l’a ignoré durant une éternité. Alors pourquoi accepter ?

« Sauf si tu comptes être toujours là quand j’en aurai envie, jusqu’à ce que je ne veuille plus te voir.» Pas simplement des mots criés au vent à qui bon voudrait les entendre. Même si au fond, quand il regarde Hyun Ki. Quand il entend son propre coeur qui bat. Il n'est pas certain qu'il le lasse un jour. Il s’est attaqué à nouveau à la gorge du jeune homme, profiter de ce point qui rendrait peut-être Hyun Ki assez faible, assez distrait, pour accepter tout ce qu’il lui dira.

Les mains contre le torse du renard, il le pousse jusqu’à la paroi, le faisant prisonnier de son corps et la roche. Il glisse ses mains dans les cheveux bruns, jouant avec les mèches mouillés.

Il ne sait pas si Hyun Ki va fuir encore après ça.

Tu ne comprends pas vraiment ce qui est train de se passer dans ta tête ou même dans ton corps, mais quoique ce soit, c'est quelque chose qui te plaît. Qui te change de ta routine de tous les jours. Tu sais qu'il apprécie tes lèvres dans son cou, il la soulève même pour te donner plus de place. Tu sais, tu l'entends de loin de répondre. Mais très sincèrement, tu ne te concentres que sur tes idées, sur ta façon de pensée. Et sur tes actions. L'embrasser. Jusqu'à, si possible, qu'il perde la tête. Tu aimerais voir Cyriel perdre complètement le contrôle. Comme ça, tu te dis que t'aurais le droit, toi aussi, de relâcher un peu de tension, et de pas rester sur tes gardes tout le temps. En tout cas, t'as aucune idée d'où t'es venu ce soudain besoin de possession super étrange, mais ça aussi, ça te plaît. Parce qu'encore une fois, tu te dis que c'est plus toi. Plus que la personne que t'étais avant en tout cas. Non, c'est pas ça, pas vraiment. C'est pas une question d'être toi ou non, c'est plus que... Tu te dis que c'est toi, mais un toi qui ose enfin exprimer un minimum ce qu'il ressent, ou qui avoue ce qu'il veut. Qui exprime ses envies et ses désirs, alors qu'avant, il faisait tout pour les cacher. Pour se dire qu'ils ne pouvaient pas exister sous peine de souffrir en les réalisant et en les perdant. Comme un cadeau à Noël. L'excitation avant l'ouverture. Sauf que c'est connu. Après l'ouverture, lorsque tu as utilisé le jouet, il commence à t'ennuyer. Et tu n'as jamais eu peur d'être le jouet. Ta plus grande peur, c'est de devenir le joueur. Parce que tu sais que ça n'arrivera pas si tu as ton mot à dire, mais si c'est pas le cas ? Si tu dois les laisser contre ta volonté ? Si ce jouet, tu le perds ou qu'il se fait aspirer par l'aspirateur. Alors oui. Ou si tu meurs. Alors tu pourras plus jouer avec, et tu devras les laisser, ses personnes. Cyriel en fait parti. Sauf que Cyriel, il a ce don, cette façon de te faire sortir de tes gonds. De te faire assumer ce que tu ressens.

Et ce que tu ressens, c'est que tu as besoin d'être possessif avec lui. Tu sais déjà qu'il se tape bien plus de personnes que tu ne le voudrais. Après tout, il est prostitué. Et c'est comme ça qu'il gagne sa vie. Mais ce genre de surnom, c'est comme si tu pouvais pas supporter que quelqu'un d'autre l’utilise pour lui. Parce qu'ils n'auraient pas idée de la signification. Parce que pour eux, ce serait de l'irrespect, alors que toi, c'est différent. Toi, tu le respectes Cyriel. Tu lui es même reconnaissant de te faire vivre ça, en ce moment. Tu te dis que c'est grâce à lui si ta vie monotone sur l'île se remplie un peu de plusieurs choses différentes. « Et qui seras-tu pour moi, pour avoir le privilège de m’appeler ainsi. » Et tu réfléchis. Parce que oui, qui es-tu pour l'appeler comme ça? Pour lui, qui tu es ? Qu'est-ce que t'en sais toi. Tu sais qui il est pour toi, mais c'est tout. Comment est-ce que tu pourrais savoir ce que tu es pour lui ? T'es pas devin. Et il est curieux. Mais tu ne sais pas quoi lui répondre. Qu'est-ce que tu peux bien lui répondre aussi ? Qu'est-ce que tu signifies pour lui ? Comment t'es même censé savoir ? « Sauf si tu comptes être toujours là quand j’en aurai envie, jusqu’à ce que je ne veuille plus te voir. » Tu plisses les yeux. Il te pousse à la force de ses mains jusqu'au rebord de la source. Il bloque ses mains dans tes cheveux et tout ça, sans jamais perdre ton cou. Ses lèvres, sur ton cou. C'est devenu un rituel, un rituel qui te rend dingue un peu plus à chaque fois qu'il le fait. Tu soulèves doucement ta tête, qu'il ait plus accès à ton cou. Qu'il puisse s'y aventurer, laisser toutes les marques qu'il veut. Qu'il puisse s'amuser avec ton corps. Parce que sur le moment, t'as juste l'impression que ton corps, il lui appartient. Pourtant, tu récupères un peu de force dans tout ce qu'il semble puiser. Tu récupères ta faculté à parler alors que ta bouche est clairement sèche. « Je le serais. Mais qu'on soit clair. Je le serais jusqu'à ce que je ne veuille plus te voir. Même si toi, tu le veux plus... Petit cœur. » Tu t'es arrêté, pas parce que la fin te blessait, non. Tu t'es arrêté pour lâcher un petit, minime gémissement. Que tu as essayé de cacher. Oui. Même s'il veut plus te voir, tu continueras toi. Et en ça,tu irais presque jusqu'à dire que ça te plaît bien qu'il fasse ce métier.

Parce que tu sais que si tu continues à t'attacher à lui comme ça, à reconnaître qu'il est important, qu'il te plaît, et pas seulement physiquement, alors tu le lâcheras plus.

Cyriel est instable. Il ne l’a jamais caché, les gens s’en rendent compte bien assez tôt et le fuient tout de suite après. Il a toujours préféré leur épargner ce temps perdu en se montrant chaque fois comme il est. Cela évite les mauvaises surprises. Hyun Ki sait parfaitement comment il est, cet esprit par-dessus les normes qu’ils représentent. Cela ne les avait pas empêchés d’êtres amis le premier jour quand Cyriel venait tout juste de débarquer. Peut-être que cela ne les empêchera pas non plus de devenir plus.

Quoi exactement ? Cyriel n’était pas certain. Il ne saurait encore poser des mots sur la tournure qu’une simple pique allait faire prendre à leur relation. Ca ne le dérangeait pas.
Mais c’est étrange, cette sensation d’être quasi accepté. Après tout, Hyun Ki le veut aussi, malgré ce qu’il est. Il voit cette lumière de possession dans son regard qui le grise mais le fait sourire à la fois. Qu’il ne pense pas pouvoir l’emprisonner ou l’avoir à lui seul. C’est tout l’inverse qui arrive.

Cyriel, lui, n’a jamais aimé le contrôle. Il ne sait pas ce que c’est. Il donne l’impression seulement de se soumettre, prend son envol dès que l’objet de ses désirs ne l’enchante plus. Pour le moment, Hyun Ki est un être précieux qu’il veut encore avoir et garder tout contre lui. Un trésor brillant de mille éclats. Il ne sait pas encore quand il perdra tout son attrait. Mais pour le moment, Cyriel veut simplement en profiter. De sa peau offerte, son cou, ses bras forts. Hyun Ki, entièrement. « Je le serais. Mais qu'on soit clair. Je le serais jusqu'à ce que je ne veuille plus te voir. Même si toi, tu le veux plus... Petit cœur. »

La confirmation d’être toujours là, le fait sourire. Le reste lui fait aborder une petite moue. Hyun Ki n’a pas totalement tord, il est un enfant. Un peu boudeur. Un peu capricieux. « Tu feras quoi quand je ne voudrais plus ? Tu me forceras ? » demande-t-il, ses lèvres quittant la peau à présent devenue rouge, les marques de ses dents et ses petites attentions mises en évidences sur le teint clair. Oui, Hyun Ki pourra surement le forcer. Il n’est qu’un prostitué après tout. Cyriel se contente d’un haussement d’épaules, presque désintéressé. Comme si, au final, cela lui importait peu. « Ouais, si tu veux. Tu ne ressentiras surement pas la même chose à ce moment là mais…peu importe. »

Cyriel se contentera de le laisser faire ce qu’il voulait de son corps sans participer. Se faire payer sans rien lui de voir. Hyun Ki s’en lassera surement.

Mais tout n’est qu’hypothèses. De vulgaires spéculations lancées dans les airs.

Car pour le moment, il n’y a rien que Cyriel désire de plus que Hyun Ki. Tout son esprit est focalisé sur lui seul. Totalement captivé. Totalement obsédé.

Et cette fois. Pour la première fois. Il n’est pas un prostitué. Il n’y aura pas de paiements, il l’a bien dit. Alors ce n’est plus un client qu’il a devant les yeux. Il ne peut toujours pas dire ce qu’il est pour lui. Mais en tout cas, la muse n’a plus à obéir.

Il se décale, gardant une bonne distance entre eux. Son corps s’enfouie de plus en plus dans l’eau jusqu’au menton. Et son regard lourd de désir se pose sur l’homme. « Tu devrais enlever tes vêtements et les laisser sécher. Faut pas que tu attrapes froid...après. »
Faut surtout pas qu’il s’use trop vite, de lui-même.

Cyriel aurait pu le dévêtir de lui-même. Mais, non. Il voulait l’observer. S’approcher de lui seulement quand il le voudra.

Tu l'entends te répondre. Il ne proteste pas, il se pose des questions. Auxquelles il a déjà probablement les réponses. Après tout, non, bien sur que non, tu n'irais pas le forcer. Tu n'auras jamais à aller jusque là. Puisque de toute façon, c'est son métier. Et contrairement à une autre muse dont t'arrives pas à te souvenir du nom, il n'a pas le droit de les choisir, ses clients. Si tu le payes bien, et que tu le veux, alors tu l'auras, et il n'aura pas son mot à dire. Cette pensée t'effraye, un peu. Parce que tu te dis que si toi, tu penses toi, alors tu dois pas être le seul. C'est pas de la jalousie, ni de la possessivité mal placée, non, tu comprends toujours pas que tu puisses ressentir autre chose que de la haine et du désir pour lui, d’ailleurs tu n'y penses pas même un peu, mais c'est plus...de la protection. Oui, tu te dis que peut-être un jour, il tombera sur un malade, et ça, t'as pas envie de l'imaginer. T'as pas envie d'imaginer un jour que quelqu'un puisse le blesser, Cyriel. Et il te reparle de nouveau, mais tu ne l'écoutes pas Non, parce que tu n'as qu'envie qu'il remette ses lèvres sur ta peau. Tu as envie qu'il refasse ses marques. Oui, c'est ça, tu as envie qu'il te marque, et tant pis si ça te fait passer pour un maître jedi pas très sérieux. Ou volatile. T'as bien l'impression, malheureusement, que de revenir te sucer la peau, ça fait pas parti de ses projets immédiats. Alors tu le regardes, et tu le vois s'éloigner. Pourquoi tu t'éloignes ? Reviens. Mais tu peux rien dire, tu peux rien lui ordonner après tout. Pas cette fois ci. Parce que cette fois ci, ce n'est pas un client qui le déteste qu'il a en face de lui, c'est un amant égal. Quelqu'un qui lui fera autant de bien que lui, lui en procurera. Et l'idée te fait sourire. Parce que là, ça, personne n'y a le droit. Juste toi. Et tu le vois plonger dans l'eau, jusqu'à ce que tout soit englouti par l'eau brûlante. Tout sauf sa tête. Et t'aimerais faire pareil, et que sous l'eau, vous repartiez pour un tour, en gardant juste vos têtes, hors de l'eau.

« Tu devrais enlever tes vêtements et les laisser sécher. Faut pas que tu attrapes froid...après. » Il joue, il s'amuse. Et tu lui souris, tu le laisses faire. Parce que tu dois le laisser faire. Parce que tu sais que depuis qu'il a rejoint les chimères, il n'a pas eu le droit à ça. Il a toujours dû faire ce qui lui était demandé. Toujours. Et aujourd'hui, cette fois ci, tu dois lui permettre de prendre sa revanche. Tu dois lui permettre de donner et recevoir du plaisir sans que ça ne fasse partie d'un métier. Tu dois lui permettre de sortir de son job et de profiter enfin de la vue de quelqu'un qui ne serait pas son client, mais avec qui il pourrait quand même prendre du plaisir. Alors t'hésites pas une seule seconde avant de ressortir du bassin. Tu ne vas pas le faire avec extravagance, non. Le strip-tease, c'est pas ton truc. Tes vêtements sont collés à ta peau, donc ça prendra un peu de temps de les enlever. Mais tu vas pas le faire exprès. Tu vas pas le faire attendre de ta propre volonté. Entre autre parce que toi non plus, t'as pas envie d'attendre. Parce que Cyriel est là, devant toi, dans cette source bien trop chaude. Et que ton corps, même en dehors de l'eau, est en ébullition. Tu prends le bas de ton t-shirt et tu le tire, pour le décoller un peu de ta peau. Mais c'est peine perdue, dés que tu le lâches, il se recolle, remoulant tous tes muscles, un par un. Bon. Tu le tires vers le haut, l'enlevant avec une certaine et voyante difficulté. S'il se fout de ta gueule, tu lui en tiendras pas rigueur. T'as l'air ridicule. Bon, après, tu te dis qu'il a probablement d'autres choses à faire que de se moquer de toi. Le t-shirt enlever, tu le poses à plat sur une des pierres chaudes aux alentours. Il séchera plus vite comme ça. Ou il prendra feu. Au choix. Tu réussis à enlever ton jean plus rapidement, et ton boxer part avec. Et te revoilà, dans le même état que quelques minutes plus tôt, les cheveux mouillés, la tresse des sages collée par l'eau sur ton épaule. Tu t'assois sur le rebord de la source, et tu plonges les pieds dans l'eau bouillante. Et tu le regardes, les yeux un peu moqueurs, joueurs, désireux. Tout ce qu'ils n'ont pas l'habitude d'être. Et tu barbotes gentiment, comme un gamin, un sourire aux lèvres. Et t'attends. « Et maintenant ? » Parce que tu es d'accord pour lui laisser la main cette fois ci. Parce que tu es d'accord pour le laisser diriger. Mais que tu ne vas pas lui rendre tout ça trop facile non plus. Et que tu n'es pas le genre de gars à tomber dans les bras du premier ou de la première venue.

Comme tu n'étais pas le genre à t'attacher à quelqu'un d'autre qu'aux Jang.

HJ:

C’est une question qui tourne en boucle dans son cerveau défoncé est ennuyante. Est-ce qu’il pourrait réellement le forcer ? Ce ne sera pas vraiment ça, il reviendra simplement un client. Un client qui a de quoi le payer, Cyriel ayant réussi au fil des années à devenir une des muses les plus chères. Pas que ce soit une fierté, juste un constat.

En tout cas, Hyun Ki a de loin tout ce qu’il faut pour se le permettre, lui et ses services.
Et il n’aura pas grand-chose à faire si Hyun Ki demande ses services quand il ne voudra plus de lui, en dehors d’accepter simplement. Hocher la tête docilement. Ouais, il pourra toujours le faire. Hyun Ki redeviendra un client à ses yeux…quant à lui, il ne sait pas ce qu’il représentera pour lui ce jour là. Si cela enchantait Hyun Ki de le revoir en tant que prostitué alors tant mieux. Qu’il se fasse plaisir. Cyriel peut parfois être une vraie coquille vide.

Mais c’est le futur qu’il tente d’entrevoir en ce moment . Et le futur est encore bien loin devant eux. Il préfère simplement profiter du corps offert de Hyun Ki. Si ça se trouve, le sage se lassera bien avant lui et le problème ne se posera plus.

Il le laissera alors s’envoler dans sa vie comme des dizaines d’autres avant lui.

Il est vraiment con.

Cyriel entrouvre les lèvres pour laisser un soupir s’échapper. Il veut toujours plus de Hyun Ki. Son corps, ses sourires, ses lèvres…lui entier. Il voudra toujours plus. Pourtant, il prend ses distances. Son regard brulant de désir se dépose sur le brun. Y’a tout ses sens en ébullition, plus fiévreux et brûlants que l’eau qui l’entoure .
C’est à cause de ce renard. Et quand il y pense, il réalise, que depuis longtemps il n’a plus été que Poséidon. Rien d’autre. Il ne se posait plus de questions. Il obéissait, son esprit hors de son corps. Mais Hyun Ki, il le désire réellement. Un sentiment qu’il n’avait plus eu depuis bien des années.

Cette île, ce n’était peut-être pas l’idéal pour s’attacher.

Lui, ça ne le dérange pas. C’est rare qu’il pense à demain.

Demain est beaucoup trop loin. Des heures les en séparent. Et ils peuvent faire tant de choses durant si peu d’heures. Alors, l’avenir, il le laisse aux ambitieux. A ceux qui n’ont jamais tentés de se brûler vifs pour réchauffer le froid dans leur cœur.
Hyun Ki lui sourit. Et il pourrait bien tout donner pour que ce sourire devienne son univers.

Son regard ne le perd pas d’une seconde quand le jeune homme quitte le bassin, docile devant sa demande. Pour certains, ce n’était peut-être rien mais Cyriel savait que le renard savait l’importance sous-entendue dans chacune de ses paroles. Une profondeur qu’il ne se connait même pas.

Il a les yeux qui brûlent parce qu’il ne veut pas cligner des yeux. Il s’y refuse. Il suit le spectacle qui se joue devant lui avec une dévotion obsessionnelle. Le brun se déleste lentement de ses vêtements, fait battre son cœur tranquillement. Les gestes maladroits et incertains. Il aurait pu paraitre ridicule. Mais Cyriel le trouvant beau.
Il se décide finalement à fermer les yeux quelques courtes secondes quand ils deviennent trop douloureux. Le moment où il les rouvre, Hyun Ki est assis sur le bord. Il nage vers lui. Ses mains attrapent les chevilles du jeune homme. Avec plus de douceur que la fois d’avant. Dans une caresse, il remonte le long de ses jambes, ses yeux ne quittent pas les siens. Oh, il ne le quittera pas. Jamais.

Jamais pouvait être l’éternité. Ou simplement quelques semaines.

Il n’est pas Oracle. Il est Poséidon seulement.

« Et maintenant ? » répète-t-il en souriant. Il se hausse sur le rebord, un genou posé sur la roche entre les jambes du brun. Ses lèvres atterrissent sur sa clavicule, remontent sur sa gorge où il s’attarde un peu. Parce qu’il sait qu’il aime ça, Hyun Ki. « Maintenant…tu es à moi. » soupire-t-il contre ses lèvres avant d’en prendre possession. Il lui mordille les lèvres, joue avec les mèches de ses cheveux, sa tresse. Ses bras s’enroulent autour de son cou et il rompt l’échange.

Il détaille chaque trait, chaque millimètre de son visage. Les yeux hagards comme s’il n’est jamais certain sur quoi les poser exactement. Ses ongles jouent distraitement sur sa nuque. « J’espère que tu sais respirer sous l’eau. » Un murmure, suivi d’un rire. Hyun Ki avait raison. Il est un gamin. Il n’est qu’un pauvre môme.

Un môme qui se laisse basculer en arrière, son renard bien serré contre son corps. Ils plongent de l’eau et écrase ses lèvres contre les siennes avant que leurs têtes ne soient englouties. Il ouvre grand les yeux. Il l’entraine au fond du bassin. Ca fait mal et c’est bon.

hrp:

T'as un peu aucune idée de ce qu'il te fait, Cyriel. Tu comprends pas tout ce qu'il se passe. Non, à vrai dire, tu comprends rien. Tu suis pas les événements, et t'as aucun contrôle sur eux. Mais tu te laisses faire. Parce que tu te dis que si tu le fais pas maintenant, avec Cyriel, tu le feras jamais. Tu réussiras jamais à te laisser aller. Jamais. Alors autant tout donner, pas vrai ? Ouais, c'est un peu ça qui se passe dans ta tête. Tu as jamais su comment réagir face aux autres sur l'île. Les laisser penser ce qu'ils voulaient ou pas, les apprécier ou pas, les détester pour leur crimes ou pas. Tout ça, t'as jamais su. Mais t'étais sûr de pas vouloir t'attacher. De pas vouloir te dire qu'un jour, tu devrais quitter ses personnes que tu avais appris à aimer. Et tu avais réussi. Sept ans. Sept années pendant lesquelles tu avais réussi à ne pas trop t'attacher aux autres. Sept années pendant lesquelles t'étais passé à travers les mails du filets. Sept années pendant lesquelles les seules personnes à qui tu étais attaché étaient celles que tu connaissais d'avant, autrement dit : Les Jang. Puis d'autres sont arrivés. Sa Rang et Cyriel surtout. Et tu sais qu'avec eux, tu peux te laisser aller. Bah après tout, quitte à être dans la merde, autant l'être à fond, non ? Tu pensais pas t'être particulièrement attaché à Cyriel avant votre rencontre aujourd'hui, mais le fait que tu sois en train de te désaper devant lui sans penser une seule fois à le payer derrière, c'est une preuve bien suffisante pour toi. Tu le ferais pas si t'étais pas attaché à lui. Depuis ton arrivée sur l'île, tu as toujours payer pour le plaisir charnel. Sauf au début. Avant les gangs. Avant la prostitution. Oui, à ce moment là, c'était chacun pour soi. C'était aux accords et à qui plaisait à qui. Avant, ça ressemblait plus aux genres de relations que tu pouvais avoir à Séoul. Enfin. C'est ce que t'imagines en tout cas. Mais là, aujourd'hui, t'es retourné à ça, pour la première fois depuis six ans. Et tu t'assois sur le bord, et t'attends.. Tu patientes. Jusqu'à ce qu'il vienne vers toi, en nageant. Et qu'il t'attrape les chevilles, oui, tout ce temps tu attends.

Et Cyriel, il monte vers toi, sur le roche, et il pose ses lèvres sur ta clavicule, sur ton cou. Et ça tu fait trembler, parce que, dieu, c'est trop bon. Et que Cyriel, il sait que c'est ton truc ça, et que ça te fait de l'effet. Bien sur qu'il le sait. Bien sur. Alors il s'attarde dessus, et toi, t'es aux anges. Tu sais pas si c'est la sensation en elle-même ou si c'est le fait que ce soit différent des autres fois, mais tu aimes ce moment. Plus que tu ne le devrais. Après tout, t'es pas censé le haïr Cyriel ? Après tout, c'est pas juste censé être un prostitué pour toi ? Chères pensées obsolètes. Obsolètes encore présentes quelques minutes auparavant. C'est drôle comme les vapeurs, la chaleur et la tension sexuelle aide aux changements d'esprits. « Maintenant…tu es à moi. » Et tu te dis que c'est ce que t'attendais. Tu pourrais faire celui qui déteste appartenir à quelqu'un, parce que le connard Jang vous en a fait baver, mais non. Non. Toi, t'es pas comme ça. Là, de suite, oui, t'as envie de lui appartenir, à Cyriel. Il pose ses lèvres sur les tiennes, et tu fais tout pour que vos lippes restent en contact. Parce que ce contact, tu l'aimes. Mais ce contact, il le rompt. Et tu pourrais presque échapper un grognement de mécontentement si tu ne te rendais pas compte que, et bien, son visage était souriant. Qu'il préparait quelque chose. Et tu es trop concentré à détailler les détails de son visage pour que réellement, ses lèvres te manquent. « J’espère que tu sais respirer sous l’eau. » Et alors qu'il rigole, tu souris. Et tu prends une grande inspiration, parce que tu sais ce qui va arriver. En effet, il se laisse tomber dans la source brûlante, ses bras entourés autour de toi, pour que tu ne puisse plus bouger. Pour que tu tombes avec lui. Juste avant que ton visage ne soit submergé, tu sens ses lèvres reprendre possession des tiennes. Et alors que vous tombez plus bas encore, que vous vous enfoncez, tu l'embrasses. T'ouvres les yeux, et tu caresses ses cheveux. Tu lui tiens le visage fermement, pour ne pas qu'il bouge. Pas que tu veuilles l'empêcher d'aller respirer, mais c'est lui qu'a commencé. Alors tu bouges pas tes lèvres des siennes, et tu restes là, sous l'eau, à le regarder. Et d'un geste pour le moins inconfortable vu la chaleur de l'eau, tu encercles ses jambes avec les tiennes. Tu vas devoir respirer, bientôt. Il ne te reste que quelques secondes d'oxygènes. Mais pendant ses quelques secondes, tu le colles à toi, complètement. Tes mains descendent sur son dos, et tu appuies. Pour que chaque parcelle, millimètre de son corps soit collé au tien. Oui. À, tu te sens bien. T'as la tête qui tourne, t'as besoin d'oxygène. Mais tu es bien. Avec le corps de Cyriel collé à toi.

Spoiler:

Tout perdre. Le contrôle. La maitrise de soi. Se délester de toutes les inhibitions et se dévoiler. Tel qu’il est. L’âme à nue devant son regard lourd, de désir, de sentiments, aussi. Peut-être. C’est ainsi qu’il veut voir Hyun Ki. Pas juste cet homme qui se veut être au-dessus de tout. Intouchable. Parce que Cyriel, il veut bien, le toucher au plus profond de son être. Empoigner son cœur et le faire battre au creux de sa main. Cyriel veut tout de lui. Sans conditions, sans limites. Il ne sait pas ce qui arriver demain, ou même simplement dans quelques heures après. Il ne pense qu’à maintenant et c’est déjà beaucoup.

Réellement, Hyun Ki lui fait perdre la tête. Il n’a déjà jamais été sain, mais Hyun Ki. D’un regard. D’un soupir. Il peut arriver à le pousser au plus loin des retranchements de sa folie. Juste en étant à ses côtés, dans la brûlante chaleur des sources. Le corps divin à sa merci, entièrement. Tel un don du ciel dont il est particulièrement curieux à présent. Ce n’est pas la première fois. Ils l’ont fait il y’a quelques minutes de cela seulement et pourtant. Tout a l’air nouveau. Différent. Une première fois d’une autre manière. La première où lui peut diriger, plus seulement obéir comme une poupée docile. Celle qu’il n’a jamais été au fond.

Ses lèvres contre les siennes, il veut lui prouver par cet échange ses paroles. Comme s’il scellait cette propriété qu’il se disait avoir sur le plus vieux. A lui, à lui, à lui…

Y’a ces mots qui tournent en boucle dans sa tête, sans jamais s’arrêter. C’est bizarre. C’est grisant. Parce qu’il n’a jamais eu quoi que ce soit qui lui appartienne à lui seul.
Mais Hyun Ki est sa propriété à présent. Jusqu’à ce qu’il n’en veuille plus, jusqu’à ce qu’il s’en lasse. Dans quelques semaines, ou peut-être jamais. Il le répètera encore et toujours. Il n’est pas Oracle. Il est loin de l’être.

Et il attira l’homme dans son tourbillon de folie, il s’accroche à lui fort. Aucune chance pour toi de fuir à présent, Hyun Ki. Ses doigts s’agrippent aux épaules solides, ses jambes s’emmêlant aux siennes tandis qu’il les entraine plus bas. Toujours plus beau. Dans l’eau bouillonnante.

Cette chaleur brûlante qui lui rappelle l’incendie, les flammes, la fumée. Le désir. D’en finir. De mourir. Et aujourd’hui, de faire le renard sien. Le brun encadre son visage, leurs lèvres pressées plus fermement. Ils ne laissent pas filtrer le moindre oxygène entre. Cyriel ouvre les yeux à son tour, pour trouver ceux de Hyun Ki déjà posés sur lui. Ses ongles glissants contre la peau de ses épaules, caressent sa chair.

Le temps semble être en suspend. Comme une bulle intemporelle dans laquelle ils auraient réussi à s’embarquer. Son regard ne quitte pas le sien. Lourd et fiévreux. C’est comme s’il voulait lire en sa personne, trouver refuge en son être. S’unir à lui d’un simple cillement de yeux, lui faire tout ressentir. Aussi intensément que ses poumons qui crient leur besoin d’air. Pourtant il ne les écoute pas. Il reste là. Il sent que Hyun Ki a besoin d’air aussi. Pourtant il ne l’aide pas. Il le garde ainsi, près de lui, contre lui, à lui.

Ce n’est que quand il le sent à bout, qu’il se décide enfin à le libérer, lui faire retrouver la surface et abandonner ses lèvres. Il reprend son souffle lourdement, les battements du cœur difficiles. “Hyun Ki…” qu’il soupire à nouveau contre le creux de son épaule. “J’ai envie…” De lui, de son corps, de sa présence, de tout…C’est difficile de tout dire à voix haute, il préfère marquer cette envie de ses dents qui se pressent contre la peau tender. Ses mains qui descendent le long de ses hanches et plus bas encore.

Son cœur tambourine douloureusement et cela n’a jamais été aussi bon.

T'as chaud. Tu brûles, même, en fait. Toutes les parcelles de ton corps brûlent, petit à petit. Quand tu sortiras de là, t'auras probablement la peau rouge sang. Ton sang, d'ailleurs, tu le sens tambouriner dans toutes les artères, toutes les veines de ton corps. C'est pas une situation normale pour un corps humain, et ton corps, justement, il s'en rend bien compte. Du coup, à petit feu, doucement mais sûrement, tu brûles. Et la peau de Cyriel contre la tienne aide pas à stabiliser ou à refroidir la température de ton corps. Ça la fait juste augmenter un peu plus. Tu souffres, physiquement. Tous les pores de ta peaux sont en ébullition, et dans un contexte normal, t'aurais peur de prendre feu. Mais c'est pas un contexte normal. Y'a rien de normal à cette situation. Tu pensais, y'a une époque, que le petit reste de ta vie sur l'île, tu la passerais avec Sa Rang. Cyriel, tu le détestais. Tu pensais pas qu'un truc comme ça puisse arriver. Tu te disais que c'était pas possible. Et puis toi, de base, tu voulais même pas t'attacher hein, vraiment. De base, tu te disais que t'avais aucune envie de t'attacher. A personne. Tu te disais que cette vie sur l'île était trop courte. Tu te le répétais, tout le temps, ça tournait en boucle dans ta tête. Parce qu'il fallait jamais que tu l'oublies, pas même une seconde. A chaque fois que tu rencontrais quelqu'un sur ton chemin, tu y faisais pas attention. Ne jamais initier le contact. La blague. La preuve que c'est franchement loin d'être réussi. La preuve. Il est là, Cyriel, face à toi. Brûlant autant de toi. Mais il est beaucoup plus habitué, Cyriel, à brûler. Puis t'as ce souffle, ce besoin d'air frais qu'est bloqué dans ta gorge. Mais tu remontes pas. Parce que tu te dis, assez stupidement, que si vous remontez à la surface, tout ça, ça finira. Et au final, toi, t'aimerais bien rester là, le plus possible. Parce que sous l'eau, dans la chaleur du volcan, personne te vois. A part lui. Personne te juge. Personne te dit que tout est de ta faute ou que t'as rien fait pour que ça s'arrête. Personne vient te voir en te prenant comme leur grand frère alors que la personne qui t'a fait leur grand frère leur a aussi prit leur enfance. Personne qui vient te voir pour te juger. Personne pour venir te parler du pluie et du beau temps, alors que toi, t'as juste envie de t'enfermer dans les tunnels sombres des sages et y passer tes années restantes.

Pourtant, Cyriel finit par remonter. Il t’entraîne avec lui. T'as besoin de respirer. Alors dés que ta bouche franchit la barrière entre l'eau et l'air, tu prends une grande inspiration. Sans vraiment t'en rendre compte, tu fais ça par simple automatisme. Et putain, c'que ça fait du bien. La tête renversée en arrière, à aspirer le plus d'air possible. Cyriel est toujours collé à toi. Ton corps est encore en train de brûler, mais au moins, au moins tu respires. Et alors que ses lèvres ont lâchées les tiennes depuis quelques secondes seulement, t'as déjà cette folle envie de les reprendre. Parce que la chaleur, la situation, te rend insatiable. « Hyun Ki… » Tu l'entends qu'à moitié, ton nom, ton sang tambourine dans tes tympans. Pourtant, tu l'écoutes, tu tends l'oreille. Parle Cyriel, dis ce que t'as à dire. Mais vite. Parce que sur le moment, t'en peux plus d'attendre. Parce que t'es un enfoiré qui met un stop à ses sentiments ou ses émotions. Et que là, dans la chaleur, t'as envie de te concentrer sur les sensations. Tu peux pas faire autrement, surtout. « J’ai envie... » Il dit pas la suite, mais t'as compris. Oui, toi aussi, t'as envie. Toi aussi t'as envie de goûter à sa peau, encore une fois. De faire en sorte que pendant un moment, encore, il t'appartienne, à toi. A personne d'autre. Alors tu hoches la tête. Doucement. Et tu sais pas ce qui t'arrive, mais tu deviens presque doux dans tes gestes. Quand tu sors un de tes bras de l'eau et que tu le fourres dans ses cheveux. Et que tu colles son visage à toi. Parce que tu les as senti ses dents. Et que t'as envie qu'il morde. Plus que ça. Qu'il marque. Qu'il laisse une cicatrice, plus tard. Que si la peau se casse sous ses dents, l'eau brulante s'infiltre petit à petit dans la plaie. Parce que t'as beau être doux dans tes gestes, tes envies sont beaucoup moins calmes que ça. T'as envie de souffrir. « Cyriel. » Tu voudrais dire plein de trucs. Tu voudrais lui faire comprendre qu'il peut te faire sien tant qu'il veut, que tu es prêt à faire tout ce qu'il désire. Qu'en ce moment précis, t'es plus grand chose d'autre qu'une marionnette dont il peut disposer à sa guise. Mais tu peux pas. Parce que ton esprit s'est fait la malle. Parce que tes sensations ont pris le dessus dans ton cerveau. Et que tu es incapable de sentir autre chose que ses mains, ses dents, et le désir douloureusement incandescent qui monte en toi à ce moment précis. Pour lui. Pour tout de lui. Son corps, son esprit. Son cœur.