Pi-Red
Ji-Young
And all the voices scream at me, and call my name. Violence ;
nom féminin, (
1) utilisation de force physique ou psychologique pour contraindre, dominer, causer des dommages ou la mort. (
2) Ensemble d'actes, d'attitudes qui manifestent l'hostilité, l'agressivité entre des individus.
Ici, là-bas, qu’est-ce que ça change réellement ?
Des fers emprisonnaient leur poignet, un étau était serré autour de leur gorge.
Ils n’étaient plus libres, ils n’étaient plus capables.
Mis sur le banc de la société, mis à part, reculer, recaler.
Comme si le divin avait mis un test sur leur chemin et qu’ils avaient échoué.
Mais qui s’octroyait le droit de dire qu’ils étaient condamnés ?
Qui de pensé bienfaitrice avait décidé qu’eux avait eu tort ?
Parce qu’ils n’avaient pas respecté les règles ? Quelles règles ?
Et a quand bien même, est-ce une raison ?
S’ils étaient des gamins, incapable de faire les bons choix, pourquoi alors les punir de façon si radical ?
Pour l’exemple.
Pour la peur.
N’était-ce pas non plus de la violence ? De trancher d’un coup d’un seul, de contraindre ?
De ne pas écouter. De n’entendre que son propre avis. Et de blesser, volontairement.
Et si l’île, au final, si défrayée, n’était-elle pas plus violente qu’avant.
Parce qu’au final, quand on prend le problème dans l’autre sens, les monstres de foire, ce n’est pas nous, c’est eux.
C’est eux, qui ont marginalisé ceux qui ne rentraient pas dans leur critère.
Eux qui n’ont pas laissé de seconde chance, qui n’ont pas cherché d’autre coupable.
C’est eux, qui manquent d’introspection.
Pi-Red il l’aime l’île. Il l’aime pour ce qu’elle est.
Un oasis étrange aux milieux d’un désert moraux.
Un endroit presque pur dans un monde de diktat et de control.
Pourtant soumise à des règles qui ne sont pas les siennes. Elle demeure, elle gène presque.
Elle est violente, cette île. Elle te force, elle te domine aussi.
Une autre forme, une approche. Plus directe, plus franche.
Mais n’est-ce pas mieux de voir la menace en face ?
De pouvoir la détourner, la faire devenir à ton avantage ?
Il n’était pas mieux qu’un autre, Pi-Red, il ne se croyait pas sortie de la cuisse de Jupiter.
Il avait juste regardé les cartes, celles qui avaient entre ses mains, et les autres, celles qui ne pourraient avoir.
Et il avait joué. Pour perdre, pour gagner.
Juste peut-être pour s’occuper.
Alors qu’il nourrissait le monstre qui vivait aux creux de ses entrailles.
Il voyait celui qui se croyait plus grand, plus fort que lui.
Oh oui, Pi-Red lisait en lui comme dans un livre.
Il n’était pas charitable, il n’était pas meilleur.
Lui, qui dans ses grands tours, voulait balancer ses quatre vérités aux autres.
Juge implacable, es-tu aussi bourreau ?
«
On m’a toujours dit de ne pas parler aux cons, parce que ça les instruit. »
Il avala une bouffée de sa cigarette. Toujours présente, toujours là. Entre ses doigts. Triste rappelle que tout chose à sa fin.
«
Mais pour toi, je vais faire une exception. »
Il pointa sa main vers lui, le désignant lui. Comme privilégié de ce spectacle.
Aujourd’hui, il parlerait. Aujourd’hui, il développerait ce que ses mots sibyllin veulent dire.
Pas parce qu’il l’apprécie. Pas parce qu’il la choisi.
Simplement, parce que ce garçon, ce garçon qui se prend pour un homme avait besoin qu’on lui prenne la main. Qu’on lui explique.
«
Ne prends pas ça pour une insulte. Ça ne serait que prévisible, et lamentable. »
Il lui sourit. Il lui montre ses dents avec ironie, avec froideur. Lui montrant délicatement qu’il allait le prendre à la gorge.
«
Tu es venu ici, en sachant que tu n’es pas le bienvenu. Que tu risques ta vie. Et quand une personne, un inconnu te fait remarquer que c’est dangereux. Tu l’agresses ? »
Il rit un peu. Sa sucette à cancer se plante entre ses lèvres, alors qu’il s’étire. Fatigué d’avance de ce combat qui n’en est pas un.
«
Tu te plains que l’île est violente. Mais toi, tu l’es bien plus. »
Les chevaliers en armure n’ont jamais existé. L’honneur, le courage, la droiture. Quelle foutaise.
Nous ne sommes droits que par notre propre protocole.
Nous ne sommes bon que pour nous-même.
Nous tendons la main qu’en espoir qu’un jour quelqu’un vous la tende en retour.
Et lui, il n’est violent que parce qu’il attaque avant de paré un coup.
«
Tu veux l’ironie ? Tu es le propre mal que tu essayes de combattre. Et c’est drôle. »
Oui, c’est drôle.
C’est drôle parce que c’est humain.
Parce que c’est violent.